L'autre soir, dîner entre amis. Ambiance détendue, on refait le monde entre le fromage et le dessert. Et là, au milieu des éclats de rire, une annonce tombe, un peu solennelle : « On a décidé de se marier ! ». Hop, applaudissements, félicitations, la tournée de champagne qui s’impose. Mais très vite, la conversation dérape. Fini les projets de lune de miel, place aux choses sérieuses : « Vous faites un contrat ? », « Et la communauté de biens, vous avez pensé à la séparation ? », « Ah, vous allez voir, après, il y a des devoirs ! ».
Des devoirs. Le mot est lâché. Un petit mot qui vient jeter un froid sur l’ambiance festive, comme si l’amour, une fois passé devant le maire, se transformait soudain en un CDD avec clause de performance. On ne parle plus de désirs, de projets, de complicité, mais d’obligations, de contributions aux charges, de fidélité inscrite noir sur blanc.
Cette scène, un peu cliché je vous l’accorde, m’a laissée songeuse. Moi qui, avec Elian, ai passé des années à décortiquer la mécanique de l’intime, à essayer de construire des ponts de confiance là où il n’y a que des non-dits, je me suis demandé : mais que vient faire l’État dans nos draps ? En 2025, est-il encore normal que la loi prétende régir les aspects les plus personnels de nos vies de couple, alors même qu’elle brandit fièrement le drapeau de la protection de la vie privée ?
On idéalise souvent le mariage comme le triomphe de l’amour – violons, pétales de rose et fontaine de champagne. Mais chut, derrière le bouquet se cache un petit greffier sérieux en écharpe tricolore, qui transforme nos serments en obligations légales. Eh oui : le mariage est ni plus ni moins qu’un contrat passé entre deux personnes, avec l’État en témoin (et en garant des règles du jeu). Et comme tout contrat, il comporte des devoirs auxquels on ne peut échapper sous peine de sanctions (en l’occurrence, des démêlés juridiques potentiels lors d’un divorce pour faute).
Petit tour d’horizon express : l’article 212 du Code civil impose aux époux le respect mutuel, la fidélité, le secours et l’assistance. Autrement dit : on se respecte, on ne va pas voir ailleurs, on s’aide financièrement ou moralement en cas de coup dur, et on se soutient comme deux partenaires d’escalade en haut de la cordée. Le tout jusqu’à ce que la mort nous sépare, naturellement. Ajoutez à cela l’article 215 du Code civil qui prévoit une communauté de vie (ambition-commissaire-de-justice.fr) : en gros, les époux s’engagent à vivre ensemble (on ne peut pas faire vie à part chacun de son côté, du moins pas officiellement, sinon bonjour l’huissier). Ah, et détail piquant : jusqu’en 1970, le Code civil disait aussi que la femme devait obéissance à son mari. Heureusement, on a rangé cette relique sexiste au placard du musée des horreurs juridiques – ouf ! (Mon côté féministe fait yes de la tête à ce progrès, sans lourd militantisme, juste du bon sens.)
Ce qui est cocasse (voir un brin ironique), c’est que beaucoup de mariés ignorent tout bonnement ces obligations précises. Soyons honnêtes : qui a vraiment lu les articles 212 à 215 du Code civil avant de s’unir ? On signe comme on respire, bercés par les étoiles dans les yeux et l’amour fou. Résultat : certains découvrent après coup qu’ils se sont engagés à des trucs sérieux. Telle amie infidèle s’étonne que, en cas de divorce, monsieur puisse la faire condamner pour faute à cause de ses escapades extraconjugales (bah oui, la fidélité est une obligation légale du mariage, pas juste une vieille lubie rétrograde). Tel autre, peu enclin à la tendresse physique, apprend que son refus obstiné de toute intimité peut lui coûter cher devant le juge. Ambiance !
À ce stade, vous vous dites peut-être : « Ok, on doit donc le meilleur de nous-mêmes à notre moitié, c’est plutôt sain non ? » Certes, c’est l’intention. Le mariage crée un cadre protecteur avec des devoirs réciproques – un pacte d’entraide et d’exclusivité qui, sur le papier, vise à solidifier le couple et protéger le plus vulnérable. Par exemple, la fidélité protège un conjoint qui n’a pas envie de se retrouver cocu et sans ressources du jour au lendemain, le devoir de secours évite qu’une épouse (ou un époux) sans revenu ne soit abandonné sans un sou, etc. En théorie, c’est beau comme un carrosse de Cendrillon. En pratique… c’est parfois plus compliqué, et on va voir pourquoi.
Face à ces contraintes marit… mariage-ales (pardon), certain·e·s se tournent vers le PACS – ce petit frère plus souple du mariage, instauré depuis 1999. Au début, il était conçu pour offrir une reconnaissance légale aux couples homos qui ne pouvaient pas se marier. Mais surprise, aujourd’hui beaucoup d’hétéros le préfèrent aussi, histoire de s’engager sans trop se ficeler. On entend souvent que le PACS serait un « mariage light », voire un contrat à la carte. Alors, mythe ou réalité ?
Le PACS, lui aussi, contient des obligations – eh oui, pas de jaloux. La loi (article 515-4 du Code civil) impose aux partenaires pacsés de vivre ensemble, de s’apporter une aide matérielle et une assistance réciproque (www.legifrance.gouv.fr). En clair : on partage un toit (au moins officiellement, même s’il y a des aménagements possibles pour avoir chacun son appart du moment qu’on a une résidence commune déclarée), et on s’entraide financièrement selon ses moyens. On est loin du « chacun pour soi ».
Cependant – et c’est là que certain·e·s crient “youpi liberté !” – la fidélité n’est pas explicitement dans le contrat. En effet, le devoir de fidélité (article 212), qui pèse sur les époux mariés, n’a pas été transposé au PACS . Techniquement donc, pas de crime d’adultère en régime PACSé. On pourrait se dire : cool, ça veut dire qu’on peut batifoler en toute légalité quand on est pacsé·e ? Mais attendez de ranger le champagne…
La jurisprudence (c’est-à-dire les juges à force de juger des cas réels) a nuancé la chose. Figurez-vous que les tribunaux considèrent que l’obligation de vie commune implique une certaine loyauté entre partenaires. En somme, toute infidélité avérée dans un PACS peut justifier la rupture aux torts du fautif, voire des dommages-intérêts pour le partenaire lésé.
Oui, vous avez bien lu : votre ex-pacsé peut vous réclamer des dommages et intérêts si vous l’avez trompé et que cela lui a causé un vrai préjudice moral. Alors certes, c’est moins automatique que pour un divorce pour faute, mais ce n’est pas le open bar polyamoureux non plus.
Le PACS reste tout de même plus flexible sur bien des aspects. Pas d’obligation de passer devant monsieur ou madame le Maire en grande pompe : on file à la mairie (depuis 2017, avant c’était au tribunal) ou chez le notaire, on signe la convention en deux-deux et hop c’est réglé, pas de fanfare ni de belle-doche en larmes (sauf si vous l’invitez quand même pour marquer le coup). Il se rompt aussi plus facilement : une simple lettre recommandée et c’est plié (attention, ça ne protège pas des comptes à régler, notamment financiers ou immobiliers partagés – toute séparation impliquant des sousous peut virer au casse-tête, PACS ou mariage confondus).
En termes de mœurs, le PACS a acquis l’image d’un engagement peut-être moins romantique mais plus pragmatique, moins « prison dorée » que le mariage. Beaucoup de jeunes couples le choisissent pour éviter ce qu’ils perçoivent comme les contraintes ou symboles poussiéreux du mariage : pas de “vous pouvez embrasser la mariée”, pas de changement de nom imposé, pas de “devoir conjugal” à la papa-maman…
Un brin contrariant sur les bords, le PACS séduit particulièrement les 25-35 ans d’après l’INSEE (les stats montrent qu’ils pacsent ou vivent en union libre bien plus que leurs aînés qui, eux, se mariaient à tour de bras) (www.insee.fr). Il faut dire qu’on a tous et toutes en tête des exemples de mariages explosifs ou enfermants, alors que “se pacser” sonne plus léger, presque comme un simple accord entre nous sans ingérence extérieure.
Mais ne nous leurrons pas : PACS ou mariage, la société continue de poser ses yeux dans nos assiettes. La belle-famille, les amis, l’entourage auront souvent les mêmes attentes de « couple parfait » : fidélité, bébé peut-être, emménager ensemble, etc. Que vous ayez une bague au doigt ou un Pacs rangé dans un tiroir, les normes sociales peuvent mettre la pression.
Exemple concret : un couple pacsé qui décide de ne pas vivre ensemble (car oui, c’est théoriquement possible, on peut avoir deux domiciles tant qu’on a une résidence commune administrative) sera tout autant incompris qu’un couple marié faisant toit à part.
De même, tromper son partenaire reste moralement réprouvé par la plupart des gens, PACS ou pas PACS. La différence, c’est surtout sur le plan légal que les conséquences varient.
Parlons peu, parlons cocasse. Il y a en droit français un grand principe : la loi n’a pas à s’immiscer dans la vie privée des citoyens. Chacun chez soi, les coronettes seront bien gardées. Liberté fondamentale oblige, l’État ne débarque pas sous la couette pour vérifier votre quota hebdomadaire de câlins (imaginez un peu la scène, surréaliste…). D’ailleurs, l’article 9 du Code civil garantit le respect de la vie privée et l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme consacre le droit au respect de la vie privée et familiale. En gros, Big Brother n’est pas censé jouer les voyeurs.
Mais alors, comment justifier que nos lois mentionnent la fidélité, la communauté de vie, voire qu’un juge ait pu reprocher à quelqu’un un manque de rapports sexuels ? Pendant longtemps, cette « communauté de vie » a été interprétée de deux manières : une communauté de toit (vivre ensemble) et une communauté de lit (avoir des relations sexuelles) Ne serait-ce pas un paradoxe, messieurs-dames ? 🤓 Oui, et c’est là toute l’acrobatie du droit de la famille : la loi fixe un cadre général (le contrat de mariage ou de PACS) pour protéger les partenaires, mais elle ne peut pas forcer les comportements intimes précis.
Aucun gendarme ne viendra vous coller une amende pour “non-consommation du mariage”, rassurez-vous. En revanche, ces questions intimes peuvent ressortir en cas de litige entre vous et votre conjointe. Typiquement, dans une procédure de divorce pour faute, l’un des époux peut reprocher à l’autre son infidélité ou son abandon du lit conjugal et obtenir gain de cause. C’est arrivé plus souvent qu’on ne le croit : il y a eu des divorces prononcés aux torts exclusifs d’un mari volage ou d’une épouse fuyante sous la couette.
Cependant, les mœurs évoluent, et le droit avec (parfois quelques trains de retard). Breaking news d’ailleurs : en janvier 2025, la France s’est fait taper sur les doigts par la Cour européenne des droits de l’homme (la CEDH) pour avoir justement considéré qu’une épouse qui refusait d’avoir des relations sexuelles était fautive du seul fait de son refus (La CEDH condamne la France : la fin du « devoir conjugal » en droit du divorce ?). Vous la sentez, la claque venue de Strasbourg ? Dans cette affaire, une femme avait été condamnée en divorce pour faute car elle n’honorait plus le devoir conjugal depuis des années. La CEDH a estimé que cette conception du mariage porte atteinte au droit au respect de la vie privée de l’épouse, et a déclaré sans ambages que « le mariage ne saurait être interprété comme un consentement permanent à des relations sexuelles »). Boum. Autrement dit : même marié, on garde le droit de dire non – et ce “non” n’a pas à vous transformer en coupable. Consentement un jour, consentement toujours ! (voir notre article sur le consentement dynamique) Amen.
Cela montre bien l’équilibre délicat que la loi tente de tenir. D’un côté, elle encadre le couple pour le stabiliser (d’où les obligations légales, censées prévenir l’abandon brutal, l’injustice financière, etc.). De l’autre, elle doit respecter la liberté individuelle et la dignité de chacun. Par exemple, si votre conjoint vous dit « chéri·e, ce soir j’ai pas envie », la loi ne vous autorise évidemment pas à passer outre (sinon, c’est ni plus ni moins qu’un viol conjugal, puni pénalement – mariage ou pas). De même, vous ne pouvez pas contractuellement promettre de “tout faire” sexuellement pour l’autre : ce serait nul et non avenu, car le corps humain n’est pas un objet de contrat en France (principe de dignité humaine, inscrit à l’article 16 du Code civil et rappelé par de nombreuses lois). On ne badine pas avec ces choses-là. En gros, la loi vous dit : « mariez-vous, aidez-vous, restez fidèles – mais pour le reste, débrouillez-vous dans votre chambre et ne faites pas de bêtises, sinon je sévirai pour vous protéger ». Un peu schizophrène, non ?
Cette schizophrénie légale se retrouve dans notre quotidien de couples. Beaucoup se sentent « obligé·e » par le mariage ou le PACS de conformer leur vie intime à un moule : par exemple, avoir des relations X fois par mois parce que “c’est normal, non ?”, avoir des enfants parce que “sinon pourquoi se marier ?”, adopter tel partage des rôles parce que “c’est comme ça que font les gens mariés”. La loi, dans les textes, ne vous impose pas de faire l’amour le mardi ni de cuire le rôti le dimanche. Mais elle a mis en place une attente sociale (fidé-quoi déjà… ah oui, fidélité) qui, couplée à la pression culturelle, peut vous faire sentir coupable de vos choix personnels. C’est comme si le cadre légal, en posant des grandes lignes, donnait du grain à moudre aux jugements de tante Janine ou du voisin curieux. « Ils sont mariés et ils font chambre à part, est-ce bien normal ma bonne dame ? » – vous voyez le genre.
Heureusement, notre époque voit émerger des nouvelles formes de relations où l’on questionne ces modèles. Mariage ouvert, union libre revendiquée, couples polyamoureux, célibats épanouis…
On explore, on tâtonne, parfois on se cogne aux lois qui ne sont pas toujours taillées pour ces cas de figure. (Essayez d’expliquer à l’administration que vous voulez pacsé trois personnes en trouple – bon courage 😅.)
Pour autant, le but n’est pas de jeter le mariage aux orties ni de conspuer le PACS : ces cadres ont leur utilité et protègent souvent très concrètement (héritage, statut vis-à-vis des enfants, sécu, impôts, etc., la liste est longue comme un jour sans pain).
C’est là qu’on touche au cœur du paradoxe. D’un côté, la loi française, à travers l’article 9 du Code civil, garantit à chacun le droit au respect de sa vie privée [code civil][code civil article 9]. L’État, en principe, n’a pas à s’immiscer dans ce qui se passe derrière la porte de votre chambre ou dans vos conversations intimes. Sauf… sauf si c’est pour vous protéger. L’ingérence de l’autorité publique n’est possible que si elle est prévue par la loi et nécessaire, par exemple, pour protéger la dignité, la santé ou les droits d’autrui [La protection conventionnelle du droit au respect de la vie privée].
Mais alors, comment concilier ce principe avec les obligations très personnelles du mariage ? La réponse est historique et sociologique. Le mariage n’a pas été conçu à l’origine pour célébrer l’amour romantique, mais pour organiser la société, la transmission du patrimoine et la filiation. Il crée un cadre stable, protège (en théorie) le conjoint le plus vulnérable économiquement et donne une structure à la famille.
La loi ne s’intéresse pas à la qualité de votre intimité, mais à l’existence d’un cadre conjugal. Elle ne vous demande pas d’être heureux, elle vous demande de respecter les règles du jeu que vous avez accepté en signant.
Le problème, c’est que nous ne sommes plus au XIXe siècle. Aujourd’hui, on se met en couple par amour, pour partager une connexion, pour grandir ensemble. L’intimité n’est plus une conséquence du mariage, elle en est le moteur [intimité conjuguale et intimité personnelle]. Et c’est là que le bât blesse. On se retrouve avec des cadres légaux qui parlent un langage administratif et patrimonial pour tenter de régir une réalité qui est émotionnelle, psychologique et, par essence, mouvante.
On ne se sent pas tant contraint par la menace du juge (qui, entre nous, a autre chose à faire que de vérifier si vous faites chambre à part) que par le poids symbolique de ces « devoirs ».On hérite d’un modèle qui ne nous correspond pas forcément, un prêt-à-porter juridique alors qu’on rêve de sur-mesure.
C’est précisément cette inadéquation qui nous a poussés, Elian et moi, à créer « The Contract ». Pas pour remplacer le mariage ou le PACS (on n’a pas la prétention de réécrire le Code civil, laissez ça aux gens sérieux), mais pour proposer un outil qui s’occupe de ce que la loi ignore : la qualité de la relation intime.
L'accord d'exploration n’est pas fait pour gérer une rupture, c’est un accord pour construire une connexion, pour se préparer à accueillir l’autre, ses émotions, ses envies, ses projets, ses vulnérabilités. Il est fait pour se donner le droit de s’explorer et de se préparer à une vie intime riche et qui pourra être partagée.
Il ne parle pas de biens communs, mais de valeurs communes. Il ne se focalise pas sur les fautes, mais sur les principes de soutien, d'empathie et de croissance mutuelle. (Et cela passe aussi par la vie sexuelle dans laquelle, il faut le rappeler, on est lâchée dans l'arène tout jeune sans réel guide. L’éloignement récente des attentes communes entre d’un coté le développement d’un masculinisme et de l’autre de l’acceptation de l’autonomie des femmes et des principes d'égalité).
Quand on regarde de plus près, la différence est flagrante :
L’Objet : Le mariage et le PACS organisent la « vie commune » d’un point de vue social et matériel. Notre accord a pour objet la protection et l’exploration de « l’intime ». Il part du principe que la connaissance de soi et de l’autre est le socle de la confiance et de l’épanouissement. C’est une démarche active, pas un statut passif.
La Nature de l’Engagement : La loi impose des obligations. Le non-respect peut entraîner des sanctions (le divorce pour faute, par exemple). L'accord distingue deux niveaux. D’un côté, un engagement juridique très clair et contraignant (Titre I) qui protège la confidentialité, la dignité, la vie privée et les données personnelles, en s’appuyant et en rappelant le droit existant (RGPD, droit à l’image, dignité, etc.). De l’autre, une charte d’accompagnement mutuel (Titre II) qui est un engagement moral. On ne peut pas forcer quelqu’un à « l’écoute bienveillante » ou à la « communication transparente » devant un tribunal. C’est un choix, un engagement renouvelé en conscience.
La Liberté : Les cadres légaux, par définition, créent un lien d’exclusivité (surtout le mariage avec son devoir de fidélité). Notre Accord, au contraire, est fondé sur la liberté, l'indépendance et l’autonomie. L’article 12 est sans ambiguïté : il reconnaît la liberté totale des parties dans leurs autres relations et l’absence de tout droit de regard. L’objectif n’est pas de posséder l’autre, mais de l’accompagner dans son propre cheminement.
Les limites sont définies conjointement. On y met la sexualité ou pas. Une alliance temporaire ou sans limite. Qui se renouvelle.
En somme, la loi vous donne le cadre d’un tableau, les dimensions de la toile. C’est utile, parfois indispensable. Mais elle ne vous dit pas quoi peindre, ni avec quelles couleurs. C’est ça, l’espace de The Contract : un atelier pour apprendre à manier les pinceaux de l’intimité, à mélanger les couleurs de la vulnérabilité et de la confiance, à créer une œuvre qui vous est propre.
Alors que je me relis, je sens encore pointé la question : "Mais pourquoi vous appelez-vous The Contract, alors qu'il n'y a pas de contrat ?". Et bien, c'est toute notre histoire. J'espère que vous avez envie de la lire dans le livre écrit pas Geoffrey qui va paraître : "Le Contrat Intime".
Enfin, il y a aussi un sens politique à notre démarche.
Pour nous, Liberté-Egalié-Fraternité, est le coeur de notre démarche. Ce n'est pas qu'une formule. C'est aussi une question de strate. Liberté-Egalié-Fraternité n'est pas réservé pour certains. Il se pose au niveau de l'individu. Quel que soit son sexe.
On ne peut se rendre compte que Liberté-Egalié-Fraternité n'est encore qu'un voeux pieux qu'en faisant un pas de coté. En refaisant ses choix, en les questionnant, en les explorant.
Le mariage et le PACS restent des outils pertinents pour qui veut sécuriser sa situation matérielle, fiscale ou parentale. Mais ils sont fondamentalement incomplets. Ils répondent à la question « comment on gère les problèmes si ça se passe mal ? » mais jamais à la question « comment on fait pour que ça se passe bien ? ».
La liberté, c'est aussi ne pas avoir peur du regard des autres, de ce que l'on dit de soi.
Et pour ne pas en avoir peur, il faut aussi être capable d'assumer ses actes et ses choix.
Et donc d'en mesurer leur portée, vis à vis des autres, au delà de soi.
Condition ultime : savoir pourquoi on les fait et s'il existe ou pas une emprise (sociale, communautaire, religieuse, culturelle, personnelle, un trauma non géré... peu importe) qui les contraindraient. Et cela, nous pensons que cela passe par une meilleure connaissance intime de soi.
Chaque formule a ses vertus et ses pièges. Le mariage offre la sécurité juridique mais trimballe avec lui un cortège d’attentes traditionnelles pas toujours raccord avec notre époque et l'ambition individuelle. La satisfaction sociale a une granularité. Nous pensons que cette granularité doit satisfaire et se situer au niveau de l'individu (et pas seulement la partie visible d'une communauté, d'une famille, d'un couple).
Le PACS allège la barque, mais garde en filigrane une partie de ces attentes (la société ne se refait pas en un jour, et le droit aime bien la cohérence).
Mais on complète ce qui manque : la prise en compte explicite de l’humain, de ses émotions, de ses faiblesses et de ses désirs, le tout dans un écrin de bienveillance.
Paradoxalement, encadrer l’exploration de l’intime avec un accord personnel peut justement lui donner des ailes, en créant un cadre de confiance, et de non jugement, en éliminant la peur de l’inconnu et les non-dits toxiques. Au lieu de subir un carcan implicite (« tu dois ci, tu dois ça parce que marié/PACSé »), on choisit lucidement nos engagements.
Alors, est-ce que c’est pour tout le monde ? Peut-être pas. Madame Michu dira que c’est bien prise de tête tout ça, que l’amour vrai n’a pas besoin de contrat – et c’est OK.
Chacun son truc. Mais pour celles et ceux qui sentent que, pour mieux s’épanouir à deux (ou plus, on ne s'interdit pas au moins de se poser la question), un bon cadre vaut mieux que de vagues promesses, l’idée mérite d’être creusée. Après tout, la confiance et la liberté ne sont pas incompatibles ; bien au contraire, elles se renforcent mutuellement quand tout est clair et consenti.
Allez, je vous laisse là-dessus. Que vous soyez marié, pacsé, en union libre ou en train d’inventer la relation de vos rêves sur un coin de nappe, rappelez-vous : l’important c’est d’être heureux et aligné avec vous-même. Encore faut-il se connaître un minimum. Le reste, ce ne sont que des cadres qu’on peut modeler pour servir son bonheur, pas l’inverse. Et si la loi parfois s’en mêle, c’est – espérons-le – pour protéger ce bonheur, non pour l’entraver.
Sur ce, je m’en vais de ce pas négocier avec mon cher et tendre la clause “qui sort les poubelles ?” dans notre accord perso… parce que oui, même avec toute la bonne volonté du monde, y a des jours où personne n’en a envie !
Ambre
The Contract explore l'intimité sous toutes ses formes, offrant outils et perspectives pour transformer vos relations personnelles et votre rapport à vous-même vers une authenticité libératrice.
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